L’Eldorado de la ville de Tanger

23 أكتوبر 2016 19:47
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Zaynab Ahmad

Se torturant l’esprit, Voltaire créa un monde imaginaire plein de chagrin et de tristesse, dans lequel évoluait son premier personnage, Candide, qui restait malgré tout fidèle à l’optimisme de son maître Pangloss dont la devise était : « Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Lorsque Candide goûta à ce monde utopique dans la ville d’Eldorado, il trouva que la théorie de son maître avait perdu de son aura. Dans cette histoire, alors que Voltaire cherchait une alternative imaginaire aux difficultés du monde réel, je ne crois pas qu’il ait cru un seul instant que cette ville, dont les habitants pensaient vivre leurs rêves, puisse exister dans la réalité.

Ailleurs, à une autre époque, Platon débattait avec les personnages de son histoire, théorisant ainsi la société idéale, certain que sa conception de la ville imaginaire n’était que des mots sur papier utilisée par la raison comme une échappatoire à ce monde cruel.

Pensez-vous vraiment que l’Eldorado soit prisonnier de l’imagination de Voltaire ?

Cette ville utopique n’est-elle que le fruit des débats d’un homme fuyant la dure réalité et de personnages fictifs ayant mené à l’établissement des bases d’une société idéale ?

Prenez acte de ce témoignage de l’équipe éducative et pédagogique de l’école Alfitra, que nous écrivons sans exagération et en toute modestie, certains qu’il nous en sera demandé compte auprès d’Allah -soubhanah- le jour de Sa rencontre : nous avons touché beaucoup de nos rêves du bout des doigts durant les jours passés à l’école Alfitra !

Il se peut que vous vous demandiez ce qu’il y a de si extraordinaire dans ce petit coin d’Eldorado.

– Là-bas, il y a une française convertie à l’islam, venant de son pays, où elle s’est trouvée confinée dans les limites d’une pseudo liberté individuelle prônée par les autorités, dès lors qu’elle a voulu y goûter, réalisant ainsi qu’il ne s’agissait que de mots sans valeur.

– Il y a aussi une fillette dont les parents sont français convertis à l’islam et qui l’amènent à l’école, comblés par le seul fait de la voir clamer l’hymne national marocain à gorge déployée et de ressentir ainsi le lien de fraternité qui les unit : « Bi chi’ar Allah, al watan, al malik »

– Il y a une enseignante marocaine, enseignant l’arabe littéraire et le pratiquant au quotidien si bien que ses élèves se demandent même si elle parle le dialecte.

– Il y a une assistante technique qui parle aux élèves en arabe littéraire et surveille leurs allers et venues aux toilettes afin de leur inculquer une hygiène qui deviendra innée.

– A l’école Alfitra, tu peux dire en plaisantant à une française : « Tu es gentille, contrairement à ton peuple », elle te répondra : « Il semble y avoir un problème entre les peuples français et marocains ? »

Tu lui réponds alors : « Comment pourrions-nous oublier le massacre de nos ancêtres par votre peuple lors de la colonisation ? » Elle te répondra, l’air désolé : « Lorsque l’on aborde ce sujet, j’ai honte d’être française. »

– Dans cette école, tu croises le matin une enseignante qui t’enlace bien que vous vous soyez vues la veille, à la manière d’un bien-aimé qui a souffert de l’absence prolongée de celle qu’il aime.

– Là-bas, tu rencontres une africaine qui, chaque fois, te cherche par-dessus les têtes des élèves pour te saluer chaleureusement.

– Les voix des enfants balbutiant pour acquérir la langue et pour exprimer leurs nobles sentiments dans la langue des livres et non celle des rues résonnent dans les classes, proclamant : « Alfitra est notre deuxième maison ! »

– Dehors, tu entends une voix t’appelant au loin : « Maîtresse, maîtresse ! », lorsque tu te retournes, tu trouves un petit enfant qui lâche la main de sa maman pour se précipiter vers toi, comme s’il avait retrouvé un trésor égaré, afin de t’enlacer et de t’entourer de ses bras chétifs en disant : « Ô maîtresse, je t’ai retrouvée ! »

– Dans cette école, on trouve une génération d’enfants que l’expression en langue arabe littéraire a aidés à acquérir de bonnes mœurs, un bon comportement et le discernement. Ainsi, leurs enseignantes n’ont trouvé aucune difficulté à enraciner en eux une éducation saine.

– A l’école Alfitra, on assiste à de belles démonstrations d’amour en Allah.

Et si nous n’étions pas restreints en termes de longueur d’article, nous aurions pu écrire tout un roman de nos anecdotes riches en enseignements.

La différence avec Voltaire, c’est qu’il a pu protéger son Eldorado imaginaire en le conservant éloigné des maux de la société, préservé par d’immenses forteresses.

Quant à nous, nous n’avons pas pu protéger notre école, ancrée dans la réalité, du pouvoir des autorités qui ont enfreint la loi en inventant des accusations mensongères, la transgressant à nouveau en donnant l’ordre de fermer l’école sans préavis ni avertissement.

Hélas, au moment où nous enseignions à ces enfants la nécessité de respecter les règles, voilà que l’Académie régionale, en tant que représentante officielle de la loi, enfreint elle-même cette dernière en empêchant les enfants de choisir l’école qu’ils désirent, plongeant ces innocents dans les sanglots, certains disant : « Nous ne voulons pas retourner en France », les autres disant : « Nous ne voulons pas quitter l’école Alfitra », cela alors qu’ils ne sont pas encore en âge de comprendre que les représentants de la loi n’ont pas le moindre complexe à l’enfreindre, quand et comme ils le veulent, transgressant ainsi son caractère sacré et ne faisant d’elle qu’un idéal auquel plus personne ne croit.

Plus encore, la décision de l’Académie régionale est arrivée après moultes péripéties et en usant de ruses, en appelant par exemple les responsables légaux afin qu’ils retirent les dossiers de leurs enfants. Or, Allah a voulu que ces parents fassent la fierté du Maroc : plusieurs d’entre eux ont mis de côté leurs obligations personnelles et professionnelles afin de rester au sein de l’école à des heures tardives, pour réfléchir à des solutions visant à préserver l’intérêt de leurs enfants, refusant de donner les dossiers à la commission académique, proclamant qu’ils se battraient pour que leurs enfants restent à Alfitra, quitte à ce qu’ils soient déscolarisés cette année. Ils se sont divisés en plusieurs équipes, chacune déposant des demandes et contestations écrites auprès de l’Académie de Tétouan et de Rabat.

L’attitude exemplaire des parents et responsables légaux a rendu réel ce qui nous semblait jusque là n’exister que dans les livres et les légendes. Allah a voulu que cette graine marocaine présente dans les qualités de nos ancêtres qui ont repoussé les colonisateurs soit encore vivante et témoigne que rien ne peut menacer notre patrie, puisque les enfants que nous éduquons sont les descendants de ces aïeux.

C’est pourquoi face à cette épreuve, il est devenu un devoir pour tous les Marocains que de soutenir leurs frères et de se tenir debout avec eux main dans la main car leur cause, en plus d’être légitime, est une question d’identité nationale et nous donne une leçon indiquant comment faire triompher la vérité.

Le droit est un dû qui se réclame et qui ne s’obtient pas sans effort.

Soutenez donc la cause de vos frères pour donner une leçon aux générations futures : celles-ci ne doivent pas se contenter de manifester uniquement pour des raisons économiques, l’augmentation des prix… mais elles doivent faire de l’éducation et de l’enseignement leurs principales préoccupations.

Qu’Allah vous rétribue par le bien.
_______________________________________________
traduction faite par:
– Mme. Oum jounayd (Jacinthe),enseignante de français à l’ecole Alfitra
– Mlle. Ikram mouaouya, directrice pédagogique de l’école Alfitra

Qu’ALLAH les récompense

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